LES BILLETS LIBRES DE 14 FRS 162 - Jean-Paul


LES BILLETS LIBRES DE 14 FRS 162 - Jean-Paul

Jean-Paul (14 FRS 162), passionné de radio et fin observateur des phénomènes naturels météorologiques, a pour but de vous apporter une information pertinente sur la propagation UHF mais pas uniquement.
Il tient depuis mars 2011 un relevé des conditions de propagation sur le grand bassin parisien afin de pouvoir comparer les « saisons radio » d’une année à l’autre, de mieux comprendre les mécanismes à l’oeuvre et, pourquoi pas, d’anticiper les activations de points hauts.

Retrouvons ci-dessous d'excellents articles sur les sujets ayant attraits à la radio.



Chinoiseries - 29 JUIN 2013

Nous aimons tester et commenter les « chinoiseries » en matière de portatifs (et parfois de mobiles) mais nous sommes souvent surpris par le flot incessant des nouveautés proposées par les revendeurs présents sur internet.

Que l’on soit un nouveau passionné ou quelqu’un de plus averti, lorsque vient le moment de choisir un poste ou d’en changer, nous sommes souvent embarrassés par la quantité phénoménale de marques et de modèles.
A titre d’expérience, pour ce billet, j’ai recensé 22 marques chinoises (hormis les historiques Motorola, Icom, Vertex, Yaesu, Kenwood) proposant un total de 330 modèles sur un site de vente en ligne situé à Hong-kong bien connu des membres de ce site.
Trois de ces mêmes marques (Wouxung, Feidaxin et TYT) y proposent chacune 14 modèles différents (VHF, UHF, bibande) !
Face à ces constats, je me suis demandé ce que pouvait bien représenter ce marché des talkies-walkies « made in China » qui par ses nouveaux entrants dans le jeu économique réussit à inonder le monde de produits bon marchés. Après pas mal de recherches et de traductions, voici donc (très résumé) le panorama économique de ces objets technologiques qui sont au cœur de notre hobby…

En 2007, le marché mondial des radios bidirectionnelles (two-way radio) était estimé à 8,2 milliards de dollars américains.
L’Amérique du Nord représentait à elle seule 7 milliards en 2010. Ce vaste marché incluait les liaisons mobiles, les réseaux PMR professionnels, les liaisons d’urgence (pompiers, police…) et les loisirs.
Ces chiffres démontrent bien le rôle essentiel de ce type de communications et de matériels pour l’industrie, les institutions et les militaires car leurs avantages reposent à la fois sur l’aspect bon marché et sur la fiabilité éprouvée même dans des situations critiques.
L’engouement est tel qu’en 2011 l’augmentation du nombre de portatifs et de radios embarquées sur mobile était de 7 millions/an, et que 8 millions/an sont attendus pour 2016.

En 2011, les utilisateurs de technologies analogiques étaient estimés à 80 % de l’ensemble des professionnels en PMR.
Cette tendance est en train d’évoluer fortement depuis 2008 puisque les technologies digitales gagnent progressivement des parts de marché (même au-delà des simples institutionnels) jusqu’à devenir majoritaires à l’horizon 2020 nous prédit-on, offrant ainsi de nouveaux services aux utilisateurs finaux (données, images)…et un énorme renouvellement du marché.

Dans cette course, la Grande Chine (incluant Hong-Kong et Taiwan) se positionne là-encore comme l’atelier du monde avec 14 fournisseurs en 2007…alors qu’ils sont aujourd’hui 80 et que 200 entreprises opèrent dans ce secteur (en incluant les accessoires) ! Parallèlement, leurs capacités en matière de qualité de production et de recherche & développement se sont considérablement accrues (notamment avec la production de « puces » dédiées au mode numérique).

Avec une telle puissance industrielle, il n’est pas étonnant que 70% des postes analogiques produits dans le monde soient d’origine chinoise.
De plus, depuis décembre 2009, le ministère chinois de l’industrie, de l’information et de la technologie s’est attaché à la gestion et au développement des bandes en 150 et 400 Mhz…ce qui peut expliquer la profusion de portatifs bibandes VHF-UHF.

Très concentrée dans cette activité, la région Fujian Quanzhou (située face à Taiwan) produit 700 millions par an de ces portatifs à bas coût (oui, j’ai bien vérifié 3 fois mes notes !!!). Le marché intérieur chinois étant vaste, une des sociétés leader, United Tinto Technology, a récemment injecté 30 milliards en investissement pour la conception des projets autour de la technologie numérique (vocoder, puces, logiciels, etc.).
L’entreprise estime le marché intérieur chinois à 100 milliards de dollars américains et 70 millions de postes à écouler.
Dans cette optique, des coopérations industrielles et commerciales ont été lancées entre Fujian et Taiwan pour favoriser le développement du numérique dans les 5 prochaines années.

Pour plus d’information sur les organisations gouvernementales chinoises en matière de radiocommunication : http://www.srtc.org.cn/En/Content33.aspx et http://www.ccsa.org.cn/english/about.php


Propagation UHF et couches supérieures de la troposphère : un nouveau terrain d’expérimentation ? - 10 JUIN 2013

La propagation des ondes en UHF au-delà de l’horizon visuel ne peut se réaliser que dans des conditions « anormales » d’environnement.

Les passionnés de DX en PMR446 sont utilisateurs des effets de diffraction causés par les obstacles de terrain (montagnes, immeubles, châteaux d‘eau, tours...) mais surtout de réfraction engendrés par des paramètres atmosphériques non standards tels que des variations (inversions) de température et de densité de vapeur d’eau dans la couche basse de la troposphère comprise entre 0 et 1000 (parfois 2 000 et plus rarement 3 000) mètres d’altitude.
Ce dernier phénomène a pour conséquence de piéger les ondes dans un couloir de sol qui a comme limites le terrain et une couche d’air au-dessus (jusque vers 300 m), ou bien dans un couloir d’altitude ayant comme limites inférieure et supérieure, deux couches d’air d’indices de réfraction différents.

En plus de la position de l’antenne et de l’angle d’attaque de l’onde qui peuvent être « trop au-dessus » ou « trop au-dessous » du couloir, des difficultés propres existent dans chacun des cas comme la perte d’énergie du signal en raison des obstacles au sol (éparpillement) ou de la végétation (absorption) mais aussi les turbulences pour le couloir de sol, ou les « irrégularités » mais également la « largeur » du couloir d’altitude (par rapport à la longueur d‘onde utilisée).
L’apparition de ces conditions favorables mais exceptionnelles (sans être rares, cf. ma rubrique mensuelle « propagation francilienne » sur ce même site) est liée aux facteurs météorologiques (hautes pressions, ensoleillement, brouillard, évaporation dans les 100 premiers mètres au-dessus des mers, des océans et des côtes). Leur durée d‘existence (de quelques minutes à plusieurs jours), leur stabilité (niveaux de « robustesse ») et leur étendue (de très locale à tout le bassin méditerranéen !) peuvent être très variables.

Si nos « cousins » radioamateurs sont utilisateurs en VHF-UHF-SHF d’autres modes de propagation comme la réflexion lunaire (EME), météoritique, sur aurores boréales ou sur hydrométéores (nuages de pluie), ces pistes n’ont pas été explorées en PMR446 pour d’évidentes raisons (puissance nécessaire, complexité des équipements, utilisation de modes digitaux, etc.).
Cependant, à la lecture récente d’un article, des possibilités pourraient exister…et mériteraient d’être testées !

Le numéro de juillet/août 2003 de la revue américaine QST a publié un article intitulé « Microwave propagation in the upper troposphere » rédigé par trois radioamateurs (W7PUA, W7SZ et W7LHL) qui présentaient les résultats de leurs expérimentations de diffusion/réception de signaux en SHF (1296 Mhz et 10 Ghz) à faibles puissances (1 à 10 watts mais avec des antennes à gain) au-delà de hauts reliefs (Cascade Mountains) via les couches hautes de la troposphère (entre 4 500 et 9 000 mètres). L’utilisation de ces régions atmosphériques permet à des stations mal situées (cuvettes, vallées) de pouvoir malgré tout les « viser » (alors que des obstacles naturels bloquent les couloirs de propagation en couches basses) mais également de ne pas être soumis aux mêmes aléas météorologiques et donc d’augmenter les fenêtres d’ouvertures radio. Les multiples essais réalisés par les 3 radioamateurs et la corrélation avec les images satellitaires leur ont permis d’établir que les objets suffisant massifs pour permettre la diffusion des signaux sur ces fréquences élevées sont les nuages présentant de très basses températures à leurs sommets et contenant donc potentiellement des cristaux de glace. Compte-tenu du fractionnement, de la dispersion et du déphasage du signal sur la multitude des particules de glaces, la principale difficulté est l’atténuation du signal reçu (-145 dB) qui suppose l’utilisation de récepteurs très sensibles, d’antennes à gain et de modes digitaux adaptés.

En conclusion de leurs tests, ils indiquent que les signaux les plus forts sont associés à la présence de nuages de type cirrus présentant une température de -40°C à leur sommet et couvrant leur région.
La transposition de l’expérience à la bande libre 446 Mhz (PMR) ou 433 Mhz (LPD) utilisant le mode FM relève-t-elle de la douce rêverie ? Peut-être mais il est cependant tentant de tester, non ?
Pour ceux qui voudraient s’y lancer et essayer d‘établir une liaison atypique, n’hésitez pas à me contacter directement. En attendant, voici un site internet proposant les images satellitaires en temps réels pour partir en quête des nuages « à la bonne température » :
http://www.meteo-mc.fr/satellite-ir-anime-eu.php

Bon trafic DX à tous.